Lettre de Salbris du 30 octobre 1870
Salbris, le 30 octobre 1870
Chère amie
Je n’ai pas pu répondre plus tôt à la lettre que tu m’as envoyée parce que je ne l’ai reçue qu’aujourd’hui ; toutes les lettres qui étaient adressées à Gien à cette époque ont eu beaucoup de retard la poste ne savait pas où nous étions et ça avait mis beaucoup de retard aux lettres
Après que les Prussiens ont eu pris Orléans, nous avons quitté Gien, nous sommes allés à Briare, de Briare à Cosne, de Cosne à Sancerre, de Sancerre aux Aix d’Angillon ; sur cette route nous avions plus que 21 kilomètres de Bourges. Des nouveaux ordres sont arrivés, on nous a fait refiler sur Sancergues qui est sur la direction de Nevers, à Sancergues nous avons resté huit jours ; avant hier nous avons parti de Sancergues pour Nérondes, là où nous avons pris le chemin de fer de la ligne d’Orléans. Nous avons monté en voiture à six heures du soir et on nous a ballottés de gare en gare jusqu’à Salbris ; maintenant nous sommes entre Bourges et Orléans, nous avons débarqué à 2 heures du matin et à la pluie. Toutes les maisons étaient déjà pleines, on nous a mené coucher dans un champ de carottes. Nous avons étendu habilement nos tentes et pour passer le restant de la nuit, nous nous sommes assis sur nos sacs. Cette nuit nous avons recouché au même endroit mais j’ai eu soin de charrier des bruyères et des branches de pins pour ne pas être sur la terre et il pleut presque tous les jours. On dit que le général qui nous commande veut aller déjeuner mardi à Orléans et pour ça il y a encore beaucoup d’ouvrage ; il est parti de l’endroit où nous sommes 80 mille hommes pour bombarder les Prussiens qui sont à Orléans. Je pense que nous ne tarderons pas de nous frotter, mais nous ne savons rien au juste. Je suis toujours en bonne santé ; j’espère que quand tu me tourneras écrire, tu ne me diras pas que tu sors du lit, mais que tu es toujours en très bonne santé, tu sais ce que tu m’a promis dans ta dernière lettre ; j’espère que tu me l’enverras peut être bientôt ; je ne demande pas que tu sois en toilette mais envoie moi le comme bon te semblera.
Tu embrasseras bien pour moi ta sœur Suzanne et ta cousine qui demeure à Vienne quand tu la verras. Tsvp
Tu diras bonjour pour moi à ton père et à ta mère.
En attendant que je puisse aller te voir, j’ai l’honneur d’être un de tes amis qui t’embrasse du fond de son cœur
Après que les Prussiens ont eu pris Orléans, nous avons quitté Gien, nous sommes allés à Briare, de Briare à Cosne, de Cosne à Sancerre, de Sancerre aux Aix d’Angillon ; sur cette route nous avions plus que 21 kilomètres de Bourges. Des nouveaux ordres sont arrivés, on nous a fait refiler sur Sancergues qui est sur la direction de Nevers, à Sancergues nous avons resté huit jours ; avant hier nous avons parti de Sancergues pour Nérondes, là où nous avons pris le chemin de fer de la ligne d’Orléans. Nous avons monté en voiture à six heures du soir et on nous a ballottés de gare en gare jusqu’à Salbris ; maintenant nous sommes entre Bourges et Orléans, nous avons débarqué à 2 heures du matin et à la pluie. Toutes les maisons étaient déjà pleines, on nous a mené coucher dans un champ de carottes. Nous avons étendu habilement nos tentes et pour passer le restant de la nuit, nous nous sommes assis sur nos sacs. Cette nuit nous avons recouché au même endroit mais j’ai eu soin de charrier des bruyères et des branches de pins pour ne pas être sur la terre et il pleut presque tous les jours. On dit que le général qui nous commande veut aller déjeuner mardi à Orléans et pour ça il y a encore beaucoup d’ouvrage ; il est parti de l’endroit où nous sommes 80 mille hommes pour bombarder les Prussiens qui sont à Orléans. Je pense que nous ne tarderons pas de nous frotter, mais nous ne savons rien au juste. Je suis toujours en bonne santé ; j’espère que quand tu me tourneras écrire, tu ne me diras pas que tu sors du lit, mais que tu es toujours en très bonne santé, tu sais ce que tu m’a promis dans ta dernière lettre ; j’espère que tu me l’enverras peut être bientôt ; je ne demande pas que tu sois en toilette mais envoie moi le comme bon te semblera.
Tu embrasseras bien pour moi ta sœur Suzanne et ta cousine qui demeure à Vienne quand tu la verras. Tsvp
Tu diras bonjour pour moi à ton père et à ta mère.
En attendant que je puisse aller te voir, j’ai l’honneur d’être un de tes amis qui t’embrasse du fond de son cœur
Roussillon Claude
tu m’excuseras si je t’écris avec un crayon et si mal, c’est qu’on n’a pas de plume et mon sac n’est pas assez plat pour écrire comme il faut. On ne nous laisse pas sortir du camp.
Mon adresse à Salbris 4ème bataillon 6ème compagnie garde mobile de l’Isère département du Loir-et-Cher