Lettre de Gien du 2 octobre 1870


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Gien le 2 octobre 1870,

Chère amie
Si je prends la hardiesse de t’écrire ces deux mots, c’est pour te dire que le temps me dure beaucoup de ne pouvoir te voir.
Il faut que je te dise que si je ne suis pas allé chez vous te dire adieu avant de quitter Vienne, c’est que je croyais partir dimanche au soir tandis que nous sommes partis dimanche matin.
Comme tu sais tout le bataillon de la mobile de Vienne devait aller directement à Nevers mais au contraire on nous a expédiés sur Gien petite ville sur la Loire qui est vingt cinq à trente lieues plus loin que Nevers.
A Gien il y a un joli petit pont sur la Loire qui a 12 arcades dans lesquelles on est après miner pour faire sauter le pont si les Prussiens viennent .
Nous sommes arrivés dans cette ville à deux heures et demie du matin, nous ne sommes pas été très heureux en arrivant parce qu’il y avait pas de logements de prêt, nous nous sommes couchés dans la halle sur les planches et des grains de seigle qu’il y a ; maintenant la plus grande partie du canton y couche encore sur de la paille ; quant à moi je couche chez un propriétaire dans un lit qui est passable.
Autant que nous serons dans cette ville nous seront à peu près en sûreté. La seconde nuit que j’y ai couché, vers une heure et demie du matin, il est venu une fausse alerte : on me disait que des éclaireurs Prussiens étaient à deux heures de marche de la ville. Je me suis levé au galop j’ai couru à la halle rejoindre ma compagnie. Au même instant les quinze cents lanciers qu’il y a se dirigeaient du côté qu’on disait que les Prussiens venaient ; un moment après nos chefs nous ont dit que l’alerte était fausse.
Notre bataillon ne s’est pas dérangé parce que nous avions pas seulement une cartouche. Maintenant nous sommes neuf mille soldats dans cette ville et il y a que sept mille habitants ; de jour en jour on attend l’artillerie, et des chassepots et cette nuit il est arrivé des chasseurs à cheval.
Ne t’ennuie pas de crainte que les Prussiens aillent jusque dans nos pays parce que jamais ils ne pourront y aller.
Tu diras bonjour pour moi à ton père, ta mère et ta sœur.
J’espère que tu es toujours en bonne santé aussi bien que ta famille, quant à moi je me porte très bien.
En attendant le plaisir de retourner te voir je t’embrasse de tout mon cœur,
Un de tes amis,
Roussillon Claude

Mon adresse est à Gien 4ème bataillon 6ème compagnie, département du Loiret. Garde mobile de l’Isère.

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